Anna Wanda Gogusey

Qui est-tu? Comment est-tu devenue illustratrice? Quel a été ton parcours? 

J’ai toujours dessiné, et au moment où tout le monde s’arrête, en primaire ou au collège, j’ai continué. C’est ce que j’ai toujours voulu faire, même si on a essayé de m’en décourager en me répétant que ce n’était pas un vrai métier. Après le lycée, j’ai fait un BTS Communications Visuelles à l’ENSAAMA Olivier de Serres, une école d’arts appliqués, pour faire du graphisme. Finalement je n’en ai jamais vraiment fait. Je n’aimais pas la typographie, ni les mises en page, et je m’arrangeais toujours pour y intégrer mes propres dessins plutôt que des images que j’aurais trouvées ailleurs. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai fait un stage en graphisme, et c’est grâce à ça que j’ai compris que ce n’était vraiment pas ce que je voulais faire. J’ai commencé à faire de l’illustration, avec d’abord beaucoup d’affiches de concerts. C’est comme ça que j’ai commencé.

J’ai fait mon stage aux États-Unis, et au lieu d’y passer 6 mois comme prévu, j’y suis restée 3 ans! Je vivais à Austin, au Texas, une ville où il y avait beaucoup de concerts (en tout cas à l’époque, ça a peut être changé maintenant) et où il y a avait donc toujours besoin d’affiches. J’ai commencé à en créer pour une salle, et puis j’en ai fait de plus en plus, jusque 5 par semaine. C’était très mal payé, mais j’avais accès aux concerts gratuitement, et la vie ne coûtait rien. Ça m’a permis de me construire un portfolio, et quand je suis rentrée à Paris, j’ai commencé à illustrer pour des évènements culturels, d’abord des concerts, puis des expositions, des magazines, et ainsi de suite. À force de travailler, j’ai gagné en visibilité, et c’est comme ça que ma carrière a vraiment commencé.

Aurais-tu des conseils à donner à celles et ceux qui souhaiteraient travailler dans l’art et/ou l’illustration?

La difficulté principale est que l’illustration est très mal rémunérée, voire parfois pas du tout rémunérée. Certaines personnes pensent que ça ne devrait pas l’être car c’est “juste un dessin”, car c’est une passion… Mais c’est aussi du travail! Il faut donc énormément travailler pour pouvoir gagner sa vie. Il faut faire attention à ne pas trop travailler gratuitement, même si c’est parfois nécessaire au début pour se construire un portfolio, car on ne peux pas débuter et n’avoir rien à montrer. On peut aussi le remplir en dessinant pour soi, ou en travaillant avec d’autres personnes. Quand je suis rentrée à Paris après mon séjour aux États-Unis, je travaillais déjà depuis quelques années sur un magazine en ligne qui s’appelait Retard, que j’ai co-fondé. Nous étions plusieur·e·s illustrateur·rice·s à collaborer dessus et nous étions tou·te·s bénévoles, mais ça nous plaisait, c’était notre projet. Toutes les semaines, nous produisions des illustrations sur un thème différent, ce qui nous permettait de montrer ce que nous pouvions faire, que nous pouvions illustrer des articles.

Comment décrirais-tu ton style artistique? Qu’est-ce qui fait sa particularité selon toi?

Les yeux vides! J’ai souvent défini mon style comme étant un peu surréaliste. Je suis très inspirée par le surréalisme, et j’aime les illustrations symboliques. Quand j’illustre un article, j’essaye de chercher la métaphore, le symbole qui puisse représenter ce qui est écrit, car le sujet n’est pas toujours très intéressant! C’est pour ça que j’aime ajouter un côté un peu poétique. C’est comme ça que je le décrirais, un peu surréaliste, un peu poétique, et j’atténue le côté “mignon” avec les yeux vides, qui résultent d’une démarche purement graphique. 

Comment l’as-tu trouvé? Est-ce qu’il a évolué au fil du temps?

Je ne l’ai pas trouvé intentionnellement, il s’est défini instinctivement à force de dessiner tout le temps. Je dessine comme ça depuis le lycée. Je me suis améliorée au fil du temps, mais le style, les influences, les thèmes restent les mêmes.

Qu’est-ce qui t’inspire?

J’ai énormément d’influences et j’aime énormément d’artistes, c’est difficile de choisir! J’aime bien les détournements d’oeuvres, par exemple celles que Walton Ford a fait des dessins de Jean-Jacques Audubon. Audubon dessinait des oiseaux, des animaux, dans un style très classique. Il a par exemple réalisé un des premiers dessins d’un flamand rose, et Ford s’est approprié ce flamand rose et l’a littéralement retourné, le flamand rose est en train de tomber, de se faire tirer dessus par un chasseur. J’aime bien ce côté décalé, le fait de prendre quelque chose de connu, de classique, et d’en faire quelque chose de nouveau. Je suis aussi très influencée par des artistes féminines comme Frida Kahlo, même si elle est tellement célèbre que j’ai presque peur de prononcer son nom, ça semble tellement cliché! J’aime sa façon de représenter la nature, les animaux, les autres, et de se représenter elle-même.

J’ai l’impression qu’il y a comme un détournement dans tes illustrations avec les yeux vides, ils créent un décalage entre les attentes de la personne qui regarde et ce qui est représenté.

C’est ça! Ça crée quelque chose d’inattendu, ça donne une autre dimension. Parfois, certaines personnes ne remarquent même pas que les yeux sont vides. Il m’est déjà arrivé que des client·e·s soient surpris·e·s après avoir reçu mes illustrations car iels n’y avaient pas fait attention! D’autres essayent de leur donner une signification. Quelqu’un pensait une fois que comme les yeux sont considérés comme le miroir de l’âme, je les laissaient vides pour permettre à tout le monde de se projeter dans le personnage. Certaines personnes vont même plus loin et y voient quelque chose d’un peu maléfique, satanique,… Ce qui n’est pourtant pas vraiment le ton de mes illustrations! C’est drôle, c’est arrivé plusieurs fois, alors que la seule explication à ces yeux vides est que j’aime dessiner comme ça.

Comment est-ce que tu travailles? Quelles sont les différentes étapes dans la création d’une illustration? 

Il faut tout d’abord trouver une idée, et c’est souvent ce qui me prend le plus de temps. Je consacre beaucoup de temps à réfléchir à ce que je vais faire. Je n’aime pas illustrer de façon très littérale, j’aime explorer des façons nouvelles d’interpréter une image ou un sujet. Pour y arriver, je vais feuilleter des livres, faire des recherches, faire autre chose, aller me promener… Une fois qu’une idée m’est venue, je vais faire des croquis (qui sont souvent atroces, mais c’est comme si je prenais des notes!). Quand j’ai trouvé une composition qui fonctionne, je commence le dessin directement. Je ne fais pas beaucoup de croquis, il n’y a pas d’étape où l’on voit vraiment l’esquisse de ce que je vais faire. 

Quelle est ta routine de travail? À quoi ressemblent tes journées?

J’ai souvent plein de projets en parallèle, 5 ou 6 illustrations à faire en une semaine. J’envoie un premier croquis pour une première illustration, j’attends le retour du·de la client·e, pendant ce temps j’en commence une autre, ensuite j’envoie le premier croquis pour celle-ci, et le retour sur la première est arrivé, donc je me remets à travailler dessus. J’aime travailler sur plusieurs choses différentes dans la même journée. Par exemple, aujourd’hui, j’ai travaillé sur un podcast et sur un livre, et demain je mettrai en page un agenda. J’arrive à l’atelier le matin, je bois mon café, je réponds à mes mails, et je commence. Et quand j’en ai assez, que mon cerveau ressemble à de la bouillie, je rentre chez moi. J’essaye d’arriver tôt parce que je travaille bien le matin, mais je pars quand j’en ai assez. C’est inutile de se forcer. Créer des choses quand la tête n’y est plus et quand on est fatigué·e, ça ne fonctionne pas. Je travaille assez vite donc j’ai le temps. J’ai le temps de prendre le temps, de faire autre chose si j’en ressens le besoin.

Peux-tu me parler de ton travail en tant que tatoueuse? Comment as-tu commencé à tatouer? Qu’est-ce qui t’intéresse dans ce travail?

Je pense que c’était une suite logique à mon travail en tant qu’illustratrice. Certain·e·s de mes ami·e·s se faisaient tatouer mes dessins par d’autres tatoueur·euse·s, et je me suis dit que ce serait intéressant d’essayer de tatouer mes propres dessins. J’ai commencé par me tatouer moi-même (il faut utiliser les deux mains, donc juste sur les pieds et les jambes, sinon c’est un peu compliqué!), puis j’ai tatoué mes ami·e·s, puis les ami·e·s de mes ami·e·s,… C’est arrivé naturellement, et c’est devenu une partie de mon travail depuis maintenant 5 ou 6 ans. La particularité du tatouage par rapport à l’illustration est que je dois penser mes dessins différemment. Mes illustrations sont détaillées et colorées, alors que les tatouages, ce n’est que du noir, donc je dois concevoir mes dessins pour qu’ils fonctionnent sans couleur, et sur la peau de quelqu’un. Pour moi, le tatouage, c’est comme l’illustration, juste un médium différent. Les tatoueur·euse·s n’aiment pas m’entendre dire ça, mais c’est comme ça que je le vois.

Qu’est-ce qui dérange quand tu dis ça?

Il y a un problème dans le monde du tatouage avec les illustrateur·rice·s qui deviennent tatoueur·euse·s. C’est de plus en plus fréquent depuis une dizaine d’années, et les tatoueur·euse·s n’aiment pas ça car pour elleux le tatouage est une vocation à part entière et iels pensent qu’on le prend à la légère. Pour elleux, être tatoueur·euse, c’est apprendre les techniques du tatouage, des techniques différentes. Moi par exemple, je ne sais tatouer que d’une façon, je sais tatouer mes dessins. Et je n’ai pas envie d’apprendre autre chose, parce que j’ai envie de ne faire que mes dessins. Et c’est quelque chose qui dérange un peu. Mais après tout, je ne fais que mon truc à moi, donc je ne leur vole pas leur clientèle!

Tu travailles (ou tu as travaillé) sur beaucoup de projets : le tatouage, le magazine, le festival… Est-ce que tu aimerais essayer encore d’autres choses?

J’ai envie de faire de la céramique! Comme tout le monde en ce moment j’ai l’impression. Je trouve ça drôle, le toucher est intéressant. Je suis un peu hyperactive, j’ai besoin de faire plein plein de choses. On ne peut pas organiser le festival cette année à cause de la pandémie, et on a laissé mourrir le magazine l’année dernière après huit ans (d’où la couronne de fleurs, on a organisé un enterrement!), donc il me faut de nouveaux hobbies, sinon qu’est-ce que je vais faire? 

Quelle a été ton expérience préférée dans ta carrière? Pourquoi?

Je ne sais pas, parce que j’adore dessiner, donc j’aime tous mes projets même les moins intéressants, juste parce qu’ils me permettent de dessiner. J’ai aimé certaines étapes intéressantes dans ma carrière, par exemple quand j’ai commencé à travailler pour des journaux connus. J’ai eu l’impression que c’était une étape importante, je me suis dit : “C’est bon, je suis vraiment illustratrice!”. J’ai travaillé pour Le Monde, pour Libération, et récemment pour le New York Times. C’était incroyable! Il y a un projet qui aurait pu être mon préféré cette année : j’ai fait l’affiche du festival Rock en Seine, mais il a été annulé… J’aurais aimé voir l’affiche dans le festival, voir mes dessins partout. Sinon, j’ai fait les programmes de la salle de concert de ma ville natale l’année dernière et celle d’avant, et j’ai trouvé ça super de dessiner pour ma ville, ça m’offrait une petite reconnaissance de chez moi. 

J’ai découvert tes illustrations grâce au podcast féministe Un podcast à soi d’Arte Radio, et d’ailleurs tu es toi-même féministe. Comment le féminisme influence-t-il ton travail? 

Je suis féministe, ce qui signifie que je veux l’égalité entre les genres. J’essaye de mettre en valeur les femmes, qui ne sont pas assez représentées que ce soit dans l’illustration ou ailleurs. À travers mes projets personnels, j’essaye surtout de mettre la femme au centre de mes illustrations, et de représenter beaucoup de corps différents. C’est important pour moi, toutes les femmes ne se ressemblent pas, mais souvent les illustrateur·ice·s ont un style, une façon de représenter leurs personnages, qui finissent par être identiques. Je trouve ça dommage, donc j’essaye de faire les choses différemment. Je mets toujours un point d’honneur à représenter plein de couleurs de peau, et plein de corps différents, parce c’est la réalité. Je pense malgré tout avoir accompli plus de choses en organisant un festival féministe et en ayant co-fondé un magazine féministe qu’avec mes illustrations, parce que ça reste des dessins. Je travaille avec deux podcasts féministes, Un podcast à soi et Vénus s’épilait-elle la chatte?. C’est toujours tellement plus intéressant de travailler sur des sujets qui me tiennent à coeur! Ça me donne envie de faire tout ce que je peux pour créer la meilleure illustration possible.

Quel est selon toi le rôle de l’art dans le contexte politique actuel?

J’ai l’impression que le rôle que peut jouer l’art ou l’illustration (parce que je ne me considère pas comme une artiste, mais comme une illustratrice) peut être insidieux. À force de montrer ce que l’on veut voir dans la société, j’ose espérer que ça pourra devenir normal, que les gens l’accepteront comme la norme. C’est peut être ça la démarche politique, de normaliser tout ce qui devrait être normal. Je considère la représentation comme une démarche politique. Je ne prétends pas du tout pouvoir changer quoi que ce soit à quoi que ce soit, mais j’essaye d’y contribuer. Il y a de plus en plus d’illustrateurs et surtout d’illustratrices qui essayent de changer les choses, de se concentrer sur ces questions de différence, de représentation, d’inclusivité, et à force notre petite armée va réussir à faire quelque chose, même si ça ne reste “que des dessins”. On ne peut pas changer le monde, mais… Si on ne voit que des choses qui sont différentes de nous, on finit par l’accepter. Par exemple, j’ai travaillé avec mon amie Camille Victorine sur un livre pour enfants, Ma maman est bizarre, qui sortira en octobre. Camille est maman d’une petite fille et elle ne trouvait pas de livres qui montrent des mamans qui lui ressemblent. C’était toujours “maman et papa”, “maman reste à la maison et papa va au travail”,… C’est ça, les livres pour enfants. Elle voulait une représentation d’elle-même, c’est-à-dire “maman a des tatouages, “maman sort”, “maman emmène sa fille en manifestation”, “maman va a des concerts”,… Parce que ce n’est pas parce qu’une femme est maman qu’elle n’est pas une personne. Donc on a travaillé sur ce livre que j’ai illustré et qu’elle a écrit, et j’ai vraiment hâte qu’il sorte. C’est quand les enfants ne voient pas leurs parents dans les livres, qu’iels ne se voient pas elleux-mêmes, qu’iels ne voient pas ce qu’iels veulent faire, que les problèmes commencent. Par exemple, quand on constate que toutes les représentations de métiers pour les petites filles sont des métiers dits “de femme”… Il faudrait que tout soit représenté dans la littérature et les dessins, qu’il y ait des astrophysiciennes, mais également des sages-hommes. On peut contribuer au changement petit à petit, à travers des mots et des dessins. 

Qu’aimerais-tu accomplir à travers ton travail?

Je ne sais pas, parce que je me considère pas du tout comme une artiste mais comme une illustratrice. Je fais des dessins qui illustrent des mots, et j’ai du mal à imaginer que mes dessins puissent avoir une influence. Souvent sur Instagram, des gens se reconnaissent dans mes dessins, quand je montre des scènes de vie ou des moments. Récemment, j’ai fait un portrait de trois filles complètement fictives, et une fille m’a envoyé une photo d’elle et ses deux amies qui ont posé pour reproduire mon dessin, parce qu’elles étaient faites exactement comme les personnages de mon dessin! J’aime que les gens soient contents, se reconnaissent, ça me suffit. Que les gens se sentent représentés et vus. Je n’arrive pas à avoir une ambition plus grande que ça, je trouve que c’est déjà beaucoup. 

Quels sont les films, séries, livres, artistes,…  que tu as découvert·e·s et aimé·e·s ces derniers temps?

C’est difficile, je regarde beaucoup de films, beaucoup de séries et je lis beaucoup de livres! Je suis fascinée par Maggie Nelson depuis deux ans, surtout par son livre Bluets. Je l’ai toujours sur ma table de chevet, de temps en temps j’ai envie de le feuilleter, de lire deux ou trois fragments. Je viens de lire The Remains of the Day de Kazuo Ishiguro. C’était très beau, très bien écrit, triste et mélancolique. J’ai aussi lu Normal People de Sally Rooney et j’ai vu l’adaptation, c’était vraiment beau. Et triste aussi, j’aime les histoires un peu tristes. Le seul reproche que j’aurais à faire est que c’était très réel, ce qui est parfois difficile à lire. J’ai tout lu d’Annie Ernaux, pendant le confinement. J’en ai profité pour lire tout et n’importe quoi, dont une biographie de 1000 pages sur la reine Victoria! J’ai aussi aimé How to Fail d’Elizabeth Day, un livre dans lequel elle explique pourquoi il est bien de rater et se tromper. J’aime bien dire à des personnes plus jeunes, à des personnes qui débutent, que c’est parfois bien de pas aller dans la bonne direction, de faire des erreurs, de rater, de retourner en arrière, de recommencer. C’est là qu’on en apprends le plus. J’ai l’impression que les jeunes veulent aller trop vite. Iels ont l’impression d’avoir échoué si iels n’ont pas d’agent ni de publications dans tous les magazines tout de suite après avoir fini leurs études, alors qu’en réalité, ce n’est pas grave! 

Lorsque je vivais aux États-Unis, pendant trois ans, je n’ai rien “fait”. Je faisais des affiches de concerts, c’était pas un vrai travail. J’ai passé ce temps à ne pas faire grand chose, et je pense que c’était important de ne rien faire. Enfin, de pas faire beaucoup. Maintenant, je travaille énormément, c’est parfois difficile, je n’arrête jamais, je ne prends pas de vacances,… Je suis heureuse d’avoir profité de ces trois ans, d’avoir voyagé, rencontré de nouvelles personnes, d’avoir pris mon temps. C’est dommage de ne pas prendre son temps, de se tromper de direction et de s’en rendre compte beaucoup trop tard. C’est aussi pour ça que je lis beaucoup. Je trouve ça important de lire, de regarder des films, de sortir, de se cultiver, de faire autre chose que travailler, parce que le travail, ce n’est pas tout. J’ai regardé une conférence de l’artiste Chantal Martin dans laquelle elle demandait au public de se définir autrement que par rapport à quelqu’un d’autre (femme, copine, mère,…) ou par rapport à leur travail.

Toi tu te définirai comment?

Justement, je me définis par mon travail. Je suis illustratrice, je dessine tout le temps, c’est ma vie, et c’est difficile pour moi de me détacher de ça, d’être quelqu’un, d’être quelqu’un d’autre qui ne soit pas ça. Et quand je rencontre quelqu’un de nouveau, nos premières discussions vont tourner autour de ça. Mais c’est difficile, si j’enlève toute mes étiquettes, illustratrice, féministe, qu’est-ce que je suis? Je ne sais pas. 

Quels sont tes futurs projets?

Ce livre pour enfants, Ma maman est bizarre, qui est mon premier livre pour enfants. Il devait sortir en mai, mais à cause de ce qu’il s’est passé la sortie a été repoussée à octobre. J’ai hâte qu’il sorte et d’avoir le retour des gens. Il sortira aux éditions La Ville Brûle, une maison d’édition engagée et féministe. J’ai travaillé sur un autre livre avec La Ville Brûle, sur l’histoire du féminisme du point de vue de la pop culture, qui sortira l’année prochaine. Et pour après, je sais pas trop. Je travaille sur plein de projets, donc on va voir ce qu’il va se passer. J’ai juste envie d’en faire plus et mieux.

Est-ce qu’il y a une question que tu aurais aimé que je te pose? 

Non, non, pas vraiment. Non, j’ai rien de plus à dire je crois.


Anna Wanda Gogusey est une illustratrice et tatoueuse française, basée à Paris. Co-créatrice de Retard Magazine, c’est une artiste bad-ass, féministe, impertinente et joyeuse. Son essence rock’n roll, elle la contrebalance avec l’utilisation d’une palette absolument charmante. Son style est figuratif, décoratif et teinté d’absurde.
Retrouvez le travail d’Anna sur son site ou sur Instagram.

(portrait par Ella Hermë)

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